Un petit boulot si tranquille jusque-là... (PV Killian)

17 heures tapantes. La salle commune du club était encore faiblement remplie à cette heure de la journée. En dehors de quelques habitués, la plupart des clients du jour étaient sans doute encore en train de travailler. La plupart dînerait à la maison avant de venir se détendre au VTC - pour Velvet Touch Club -, que certains petits plaisantins avaient officieusement rebaptisé le DTC... Ici, on ne touchait qu’avec les yeux les accortes demoiselles s’exhibant lascivement autour des barres de pole-dance ou sur scène. A moins de vouloir glisser un pourboire à la belle dans la bretelle ou l’élastique de son sous-vêtement, ce qui ouvrait l’opportunité de pouvoir effleurer brièvement le velouté de la peau au moment de placer son assignat - A défaut d’autre chose -. Malheur à qui en abusait. Vigilant, le service d’ordre pouvait agir promptement sur un simple signe de la danseuse harcelée. La même politique concernait également les serveuses de l’établissement, à peine plus vêtue que les danseuses. Si les serveuses en porte-jarretelles ne se déhanchaient pas voluptueusement sur estrade, le fait de passer entre les tables pleines de consommateurs émoustillés leur valaient couramment des mains baladeuses. Si certaines laissaient faire par compassion pour les pauvres bougres à l’étroit dans leurs pantalons ou même par simple plaisir d’allumer, d’autres en étaient vite insupportées. Du moins, lorsque le pelotage était fait gratuitement. Miroir de la lubricité des consommateurs, la cupidité était le vice ordinaire des employées. Ici, la paie était basique, médiocre même. Mais, avec les pourboires, le personnel féminin pouvait gagner autant que les employés hautement qualifiés d’un hôtel de luxe. Voire mieux en se débrouillant bien. La seule contrainte venait de la tenue de travail, réservant le job à celles n’ayant pas froid aux yeux ni aux fesses ou zéro dignité : servir en lingerie sexy une clientèle libidineuse plus ou moins grossière et sans manières de gentleman…

Avec sa candeur caractéristique, cela ne dérangeait en rien Miliana. Après tout, sa tenue courante de ces derniers temps - celle-la même que ses amis Wolly et Shaw appréciaient grandement la voir porter mais avaient pourtant voulu dissuader la féline de le faire en public - ressemblait curieusement à celles des filles dévergondées travaillant au VTC. Voilà qui avait réjoui la femme chatte. Malgré sa grande ignorance sur le monde autour d’elle, la jeune femme en avait déduit être habillée à la mode et de la sorte être à la page !

Miliana s’estimait chanceuse de travailler ici. Partout ailleurs où elle avait postulé, il n’y avait pas de place libre pour elle. Pas de place, pas de salaires. Pas de salaires, pas de train de vie. Wolly et Shaw étaient eux aussi privés d’emploi sur le moment. En dépit de cela, ils s’étaient montrés réticent à voir leur amie servir en cet établissement. Toutefois, la réalité économique avait dû s’imposer également aux duettistes. Et puis, à être trop protecteurs envers la féline, c’était l’empêcher de faire ses propres expériences de vie. La maturité impliquait de se confronter au vrai monde, dans sa beauté comme dans sa laideur.
L’entretien d’embauche fût une simple formalité, si on mettait de côté le pelotage  auquel s’était livré le manager, un porc à balancer parmi d’autres. Son acceptation compensait largement le passage de ses mains fébriles sur les courbes de la naïve femme chat. Cette dernière n’avait d’ailleurs même pas compris en quoi ces gestes étaient déplacés à son égard comme à celui de toutes les femmes. Poussé par la lubricité et le silence ignorant de la jeune femme, ce cochon avait dit oui de suite sans réfléchir plus avant, d’évidentes arrières-pensées lui emplissant alors dans la tête. Jusque-là, il s’était fourrer le doigt dans l’oeil pour profiter plus que d’une fugace caresse sur la croupe ou la poitrine de Miliana. Son seul avantage avait été de pouvoir le faire sans prendre prétexte de donner un pourboire à la féline, comme le faisait les clients. Ces derniers avaient tout de même droit en remerciement à un câlin surprise tout innocent qui contrastait avec l’éclat de lubricité dans le regard des heureux profiteurs. Tout excités, plus d’un avait souillé spontanément son pantalon à cette occasion. Les laveries feraient de bonnes affaires elles aussi...

« Je pète la forme ! » S’exclama la féline en étirant ses bras, un sourire aux lèvres.

Les autres serveuses présentes lui lancèrent des regards mi-intrigués mi-courroucés. La femme chat prenait son service tardivement aujourd’hui. Ses collègues présentes avaient déjà plusieurs heures de travail derrière elles. Mais, en terme de fraîcheur et d’enthousiasme, aucune ne battait Miliana à nombre d’heures égal. Pleine d’énergie et sans soucis, celle-ci semblait toujours inépuisable. Tant et si bien que ses rivales en étaient écœurées et jalouses. La jeune femme n’avait pas réussi à se faire une seule amie digne de ce nom dans cet endroit. Ici, l’appât du gain avait crée une concurrence féroce entre les serveuses. Chacune voulait avoir les plus gros pourboires et les autres n’étaient là que pour les en priver. La coopération entre les filles étaient vraiment réduite. Seul le risque de perdre ce lucratif emploi faisait office de garde-fou aux effets pervers de la compétition, empêchant les choses de dégénérer vers des faits plus graves.

Son plateau contre elle, Miliana vint se placer à côté du bar. Elle balaya du regard la salle encore si paisible. Les rares consommateurs présents étaient déjà servis et toute leur attention se concentrait sur le trio de filles en tenues légères qui se trémoussait plus ou moins érotiquement sur la scène principale. La féline allait pour l’instant se tourner les pouces en attente d’un client ayant besoin de s’hydrater le gosier.

« Tous déjà servis et pris par les autres. Pas de bol pour toi ! » Lui glissa narquoisement la barmaid, la seule fille ici à qui on ne donnait pas de pourboire.

Il fallait dire aussi que c’était la fille du patron et qu’elle n’en avait pas vraiment besoin.

« Tu vas devoir attendre qu’une des filles partent ou bien qu’un nouveau client se pointe, chaton ! »

Elle au moins, Lacy de son prénom, appréciait bien Miliana. Son physique exotique, sa personnalité immature et si naïve, son entrain, son sourire ravi… Plus d’une de ces caractéristiques de la femme chatte avait séduit la barmaid et future héritière du VTC. C’était bien la seule qui montrait un ersatz de sympathie envers la féline nonobstant ses nombreuses maladresses depuis son embauche. Elle en avait même couverte quelques unes.

« Bah ! C’est pas grave ! » Répondit la jeune femme, optimiste, avec un grand sourire.

Certes, il y avait un manque à gagner mais, par chance, Wolly et Shaw avaient trouvé ce jour du travail dans une boutique du quartier. Ils pourraient passer plus tard avec une avance sur salaire peut-être. Au moins, un peu de sous rentrerait dans les poches désespérément vides du trio d’anciens esclaves.

La porte de l’établissement s’ouvrit, dévoilant une silhouette en contre-jour. Un nouveau client sans doute, lequel tombait à pic pour la féline.

Le Temps. (On sait que c'est du sérieux quand on écrit les mots avec une lettre majuscule.)

Le Temps, cet unité crée par l'Homme qui a permis de comprendre la rotation du soleil et de la lune, ainsi que la création du système horaire et du calendrier. Le Temps, cette chose que l'on utilise pour tenter d'apaiser des blessures ou garder d'excellent souvenirs.

« Le temps est l'image mobile de l'éternité immobile. »

C'est du moins la réponse que donna ce clochard à Kilian après qu'il lui ait demandé ce que représentait le temps à ses yeux. Pourquoi l'albinos lui avait-il posé cette question ? Parce qu'il était bourré à trois heure et demie de l'après-midi. Pourquoi était-il bourré à trois heure et demie de l'après-midi ? Parce que ça fait plusieurs jours qu'il n'avait pas trouvé de boulot et que la société le lui rappelait avec le passage de ce putain de Temps.

Chaque jours, le soleil se levait pour lui balancer en pleine poire qu'il était au chômage, et chaque nuit, la lune prenait sa place en lui disant qu'il avait encore gâché une journée à chercher du travail dans un coin paumé.

C'est alors que Bouteille (de son vrai nom Richard), le clochard avec qui Kilian passait du temps à boire, prononça une espèce de phrase prophétique :

(voix du vieux mystique qui annonce les prophéties) « Suis le chemin de fer si tu veux des billets vert, ton destin se trouve là où vont les trains. »

Ou alors c'était un truc en rapport à de l'urticaire qui lui grattait l'arrière-train, il ne savait plus... En tout cas il y avait une histoire de trains...

Le vieux Bouteille (Richard-le-Clochard), lui dit qu'une fois il est allé mendier à Oshibana, ou alors il disait « Fais pas chier et passe moi à boire. »... Vous savez on dit beaucoup de choses quand on boit.

Bref, après avoir remercié Jean-Claude (Richard, aka Bouteille), le mage au chômage partit aussitôt se faire un brin de toilette, paya la misérable chambre qu'il avait loué, et dépensa une autre partie de ses derniers deniers pour un billet de train direction Oshibana. Arrivé sur les lieux, notre indépendant chercha directement du travail, n'hésitant pas à utiliser ses clones pour couvrir plus de terrain.

Et, croyez-le ou pas, il trouva un boulot ! La G.G.C.F.F (Guilde de Gestion des Chemins de Fer de Fiore, abrégé en « gécef »), recherchait actuellement des agents de gare pour un remplacement. Il faudrait vendre les billets aux clients, veiller à la sécurité des lieux, etc... Exactement le genre d'emploi qu'un mage ayant la capacité de se cloner pouvait faire ! L'entretien fut une formalité, le responsable convaincu par la sincérité et la polyvalence de Kilian. La paie se ferait au bout de la durée du contrat, mais il y avait la possibilité d'avoir quelques bonus en exécutant des tâches auxiliaires : comme passer le balai par exemple.


Kilian bailla. Cela faisait à présent dix jours qu'il travaillait. Les petits bonus de son travail lui permirent de se louer une bonne chambre d'hôtel, juste en face de la gare centrale où il bossait. Il remercia intérieurement Bouteille (Richard), pour lui avoir dit de venir ici. Si un jour il le recroise, l'albinos lui paiera un verre et une fille de joie (après un bon bain, cela va de soit).

Aujourd'hui, c'était son jour de repos, alors l'indépendant en profita pour bailler aux corneilles, faire un peu d'exercice pour garder la forme, et vérifier son niveau de Joyaux. Son salaire n'allait pas tarder à arriver, mais il lui restait quand même une somme convenable à présent.

Après avoir passé la journée à se promener un peu partout en ville, l'albinos passa devant un bâtiment. Il s'agissait du VTC, le Velvet Touch Club, un club de danse un peu olé olé. Il en avait entendu parler par des collègues, ce qui lui avait donné envie de voir l'endroit par lui-même.
Il était presque dix-huit heure, l'albinos rentra rapidement vers sa chambre et se prépara pour sortir.

- Douche ? Ok
- Corps de rêve ? Parfumé avec une petit soupçon d'eau de toilette érotique.
- Coiffure ? Toujours aussi cool.
- Vêtements ? Propres, et puis il n'a pas vraiment de garde-robes sur lui... En plus, comment pourrait-il prendre quelque chose qui cacherait ses magnifiques abdos ?

Bon, maintenant que notre playboy était prêt, il pouvait se diriger au fameux VTC.

À peine venait-il d'entrer qu'il sentait que le lieux lui plaisait, même si ça manquait un peu d'action. Toujours est-il qu'il retira ses lunettes pour mieux apprécier les courbes des danseuses et serveuses présentes.

Reste à savoir si quelqu'un allait s'occuper de lui maintenant.

Le contre-jour cessa lorsque la porte du club se referma, révélant plus sur l’aspect du nouveau venu. Un homme plutôt grand, mince mais musclé de ce que laissait voir sa tenue ouverte sur son torse. Ses cheveux blancs contrastaient avec sa tenue noire et ses lunettes de soleil. Il faisait un brin poseur de la sorte mais ça avait son succès auprès des midinettes, plus aisément impressionnables par cette mise en valeur que d’autres femmes plus sophistiquées. Gêné par la différence de luminosité par rapport à l’extérieur, le nouveau client ôta ses lunettes noires avec un air dramatique. Il devait être acteur peut-être ? Il y avait de tout parmi la clientèle du VTC. Tant qu’ils payaient pour du bon temps « charmes et boissons », on se foutait bien de leurs biographies et CV. Le VTC était un business, pas une institution policière.

Appâtées autant par la dégaine du bellâtre que, et même plus certainement, par la perspective d’un généreux pourboire – on pouvait toujours rêver dans ce métier, hein ! -, plusieurs serveuses entreprirent de l’approcher pour s’enquérir de ce qu’il voulait… boire. Les autres désirs resteraient inavoués sauf à les communiquer habilement par un autre biais – et surtout d’autres billets -.

« C’est ta chance, chaton. Si tu peux devancer la concurrence, toutefois. » Souffla Lacy à Miliana avant d’ajouter… « Tu vas encore te faire griller pour ce client, je le crains. »

« Non ! » Rétorqua la femme chatte, sûre de son coup.

Avec une vivacité surprenante pour qui ne la connaissait pas, elle s’élança aussitôt. Légère, agile et rapide, la féline était capable de se mouvoir dans une foule en ralentissant à peine sa course là où d’autres seraient réduit à marcher pour circuler. Regrettablement, il y avait toujours quelques dommages collatéraux à cela sous la forme de chaos et de confusion semé tout du long du trajet.

Prenant de la vitesse à chaque pas, Miliana bouscula un consommateur allant s’attabler son verre à la main, celui-ci tourbillonna sur lui-même durant quelques secondes avant de s’effondrer au sol, désorienté, non sans avoir renversé sa boisson tout autour de lui. Un coup de serpillière allait s’imposer par ici…
Pressée d’arriver la première et handicapée par la distance à parcourir par rapport à ses collègues mieux situées dans l’espace, la femme chatte eut l’initiative de prendre des « raccourcis ». Quoi de mieux qu’une ligne droite ? La configuration des lieux avec ses tables et barres de pôle-danse au milieu rendait en principe la chose impossible. Vraiment ? Hé bien pas quand on avait l’agilité d’un félin. D’un bond, la belle serveuse s’invita sur la table de consommateurs sidérés par l’audacieuse intrusion. Ils manquèrent de s’étouffer en buvant ou renversèrent le contenu de leurs verres sur eux-mêmes. Sautant à la table suivante, Miliana parvint à la mini-scène où les danseuses exotiques se déhanchaient lascivement. Surprise à un moment-clé de leur chorégraphie, celles-ci manquèrent de tomber dans les bras de leurs admirateurs les reluquant les yeux brillants de désir et les mains agitant des billets à glisser dans les sous-vêtements de ces dames. Une bordée de jurons plus grossiers les uns que les autres éclata pour marquer le mécontentement des artistes.

« Désolée ! » S’écria la femme chatte sans interrompre sa lancée ni adresser un regard contrit en arrière. Il y avait urgence.

Dans sa course, un nouveau bond lui permit de couper le chemin d’une des serveuses concurrentes et de passer en deuxième position quant à la proximité du client mystère. La concurrente malheureuse gémit de douleur quand Miliana lui marcha malencontreusement sur le pied.

« Oups ! Pardon, Madison ! » Répondit gentiment Miliana, ignorante du peu de considération que ses collègues avaient pour elle vu ses airs habituels de parfaite nunuche.

Seuls quelques pas la séparait encore de l’inconnu aux cheveux blancs. Soit presque trop quand Moana, sa dernière concurrente parmi les employées en service se planta devant l’homme. Accélérant encore, la magicienne espérait la précéder avant qu’elle ne lui adresse la parole. Sa concurrente perdit un temps précieux de quelques dixième de seconde en exerçant l’un de ses tics consistant à remettre en place une mèche de sa longue chevelure blonde. Emportée par son élan, la féline la percuta de côté alors qu’elle était sur le point de parler. Le choc lui permit de s’arrêter et sa souplesse naturelle de rétablir contre toute attente son équilibre sans choir. Moana ne put en dire autant. Heurtée comme une boule de billard, elle alla valdinguer en couinant de peur pour atterrir sur une table sous le regard de clients médusés de ce qui leur tombait dessus tout à coup.

* Aie ! Je m’excuserais plus tard ! * Songea Miliana en remarquant du coin de l’œil la chute de sa camarade.

Se tournant vers l’homme à grande taille, elle fit un grand sourire plus naturel que commercial. Ses deux mains serrant son plateau rond placé juste devant ses cuisses et sa queue de chat ondulant gaiement, elle s’écria d’une voix forte et enjouée…

« BIENVENUE AU DTC ! »

Les habitués de l’établissement éclatèrent d’un fou rire suite à ce lapsus alors que les employées - à l’exception notable de Lacy -, les bras dressés vers le ciel poings fermés, visages pourpres comme s’ils étaient investis par les flammes de l’Enfer, leurs traits déformés par la colère, corrigèrent de leurs voix enragés l’erreur.

« AU VTC ! »

« Ah… Oui ! C’est ça ! Au VTC ! » Reprit-elle.

La magicienne balaya la salle d’un lent revers de sa main pour se faire invitante et conviviale.

« Choisissez votre table et prenez place, je vous prie. »

Le choix de la table offrait surtout un angle de vue ou un autre sur la mini-scène au centre de la pièce ou bien sur certaines barres de pole-danse occupée où dansaient quelques effeuilleuses allumeuses pour le plaisir des yeux et quelques jewels de plus. Il était stratégique pour qui voulait passer un bon moment à se rincer l’oeil.

« Si votre choix est fait, pourriez-vous m’indiquer ce que vous désirez boire ou manger ? Je vous apporterais votre commande au plus vite. »

Gardant son sourire, Miliana dodelina de la tête à la façon d’un chat dans l’attente de la réponse.

Kilian venait de pénétrer au sein de l'établissement. La différence de lumière l'obligea à retirer ses lunettes de soleil d'un geste dramatique et cool. En les rangeant à l'intérieur de sa veste, le bellâtre vit qu'il était devenu le centre d'attention d'un petits groupes de serveuses. En même temps, un beau gosse comme lui, c'était toujours mieux que les habituels quadragénaires aux ventres à bière (et pour certains mariés et père de famille !), et peut-être aussi la perspective d'un bon pourboire...

Tiens ? Quelle était cette agitation ?

L'albinos remarqua, au niveau du bar, l'une des filles qui semblait vouloir se rapprocher d'avantage que les autres. Rien d'étonnant quand on est un top modèle comme lui, toutes les représentantes de la gente féminine le regardent. Quoi ? On a bien le droit de se flatter l'égo, non ?

Bref, celle qui se faisait remarquer ne se contentait pas de se frayer un chemin, non, ça serait trop simple. Elle bouscula carrément toutes les personnes qui avaient le malheur de se trouver devant elle ! Au grand mécontentement desdites personnes qui se retrouvaient sur les tables ou le sol, certaines aspergeant le contenu de leurs verres.

Et enfin, la serveuse turbulente se pointa devant le cloneur, non sans avoir dégagé la concurrente juste devant elle. Et, d'un grand sourire, elle s'exclama :

« BIENVENUE AU DTC ! »

À ce lapsus, la plupart des clients éclatèrent de rire, Kilian lui-même ne s'empêcha pas de glousser avec un sourire amusé. Et c'est LÀ, qu'il put la regarder plus en détail.

Une tenue bien aguicheuse en rapport au lieu, des courbes qui attiraient les regards (et sûrement bien plus), un sourire tout mignon tout plein, et surtout... SURTOUT : des oreilles et une queue de chat. C'était une neko !

Bulletin cérébral de Kilian:

La neko lui demanda ensuite de prendre place à l'une des tables disponible. Ce qu'il fit en s'installant dans l'un des coins de la salle : une simple table ronde assez grande pour qu'il y figure une barre de pole-danse vide, ce qui donnait un point de vue sur la scène.

L'homme s'assied sur le fauteuil rembourré tandis que la serveuse lui demanda ce qu'il désirait consommer.

« Je vais prendre du Cap d'Akane pour commencer, s'il vous plaît. »

Lorsque la fille-chat retourna au bar prendre le verre, Kilian ne se gêna pas pour se mettre à son aise tout en lui reluquant le dos et son fessier.

Oui, il aimerait bien se la faire, alors qu'il venait tout juste d'arriver ici... Mais ça n'était pas le genre de l'établissement, pour ça, il lui faudra user de charmes et de patience, et aussi de billets... Par chance, il avait les trois.

Miliana prit la commande du client nouvellement arrivée. Du moins, elle s’essaya à la mémoriser sans se laisser distraire par quoi que ce soit aux alentours. Un exploit en soi. Vu sa candeur, un rien était susceptible de détourner son attention...

Avec un rire léger et son plateau sous le bras, la femme chat se dirigea vers le bar d’un pas guilleret, sa queue se contorsionnant vivement, manifestation de la joie qu’elle peinait à dissimuler d’avoir son premier client de la soirée. Toute contente, elle rapporta à Lacy les désirs du client, un Cap d’Akane.

La barmaid se mit aussitôt à l’œuvre attrapant les bouteilles nécessaire au cocktail dont elle servit de bonnes rasades dans un verre long. Puis, armée d’un tourneur, elle remua le mélange pour mieux répartir les doses et créée l’alchimie nécessaire au breuvage. Satisfaite de sa mixture après examen de sa couleur et de son odeur, elle ajouta la touche final avec les décorations habituelles de ce genre de boisson : Une rondelle de fruit exotique sur le bord du verre, accompagné d’un petit parapluie et d’une paille. Mission accomplie !

Lacy posa le verre rempli presque jusqu’au bord sur le plateau de Miliana et ajouta une coupelle d’olives pimentés et salés. Le petit plus était courtois et conforme au sens commercial de l’hospitalité. Commercial et pas désintéressée dans un débit de boissons. Ces amuses-gueules visaient à assécher le gosier du client qui demanderaient rapidement un autre verre pour épancher sa soif soigneusement entretenue aussi bien par l’apéritif que par le spectacle de ces beautés presque nues faisant montre de leur grâce sur scène. Pour un extra, l’une d’elle viendrait se servir de la barre planté au milieu de sa table. Le client était encouragé à être généreux et dépensier ici. La féline était sur le point de repartir quand la barmaid l’interpella doucement pour lui glisser...

« Bien joué, chaton ! »

Cela arracha un autre grand sourire agréable dont Miliana avait le secret. C’était en partie ce qui lui valait d’avoir encore sa place ici vu toutes les gaffes qu’elle commettait. Lacy adorait ce visage souriant sincèrement, chose trop rare dans ce milieu. Elle taisait donc les maladresses de son amie et jouait sur la corde sensible de son père pour atténuer ses réactions lorsqu’il avait vent de celles-ci. Miliana lui en était grée.

Se retournant, elle entrepris de traverser la salle pour délivrer sa commande au grand homme aux cheveux blancs. Cette fois-ci, la jeune femme se garda bien de courir pour ne pas renverser le récipient. Ça n’avait pas toujours été le cas à ses débuts dans ce travail. Elle passa entre les différentes tables plus ou moins occupée, jetant toujours un œil aux danseuses se lovant et trémoussant sur leurs barres au rythme de la musique de fond, saluant quelques clients devenus un peu familiers à force de les voir avec son sourire irrésistible et sa fraîcheur coutumière. La femme chatte était presque arrivée à destination quand un imprévu se produisit. Deux silhouettes se mirent en travers de son chemin soudainement, lui déniant l’accès au client en attente : Madison et Moana.

Ses collègues la dévisageait gravement avec des regards furibards. La brune Madison boitait en essayant de ne pas poser son pied nu gonflé au sol. Sur celui-ci, on pouvait voir une grosse ecchymose là où Miliana avait marché dessus. Ôter son escarpin avait été pour celle-ci autant une torture qu’une nécessité. Avec son pied dans cet état-là, elle ne pouvait se rechausser sauf à l’enfiler un sac de sport. Avec ce handicap, il allait être difficile pour elle de travailler ce soir en déployant tous ses charmes pour gratter un maximum de pourboires avec sa démarche chaloupé habituelle. Madison allait devoir se poser derrière le barre pour restreindre ses déplacements et perdrait les lucratifs pourboires qui arrondissaient bien la paie ici. Trop dur pour elle ! De son côté, Moana, la blonde paille, gardait une main sur le bas de son dos dont les douleurs la tançaient suite à sa chute un instant plus tôt. Guère plus indulgente que sa brune complice, la serveuse fusillait du regard la féline. Elle était bonne pour aller rendre visite à son chiropracteur après ça. Sa soirée s’annonçait guère plus agréable avec la nécessité de faire des pauses et d’être moins réactive que ses collègues et concurrentes. Des pourboires finiraient dans les sous-vêtements d’autres filles plutôt que dans les siens. Inacceptable pour une fille avide comme elle !

Imaginant la raison de leur ire était extérieure à elle, la magicienne les salua benoîtement avec un grand sourire. Si son ingénuité n’était point notoire parmi ses collègues – qui en avaient aussi profité, il est vrai, pour lui refiler les tâches ingrates à l’occasion -, ces dernières auraient cru que la Miliana voulait remuer le couteau dans la plaie.

« Salut les filles ! Ça boome pour vous ? Oh ! Mes excuses pour l’accident de tout à l’heure, Moana. »

« Connasse ! » Siffla entre ses dents serrés Madison avec ses yeux près à larmoyer à cause de la souffrance.

« Cette fois-ci, tu ne vas pas t’en tirer à bon compte ! » Renchérit Moana.

L’ambiance parut devenir électrique alors que la moue de la femme chatte passa à la surprise. Il y avait du catfight dans l’air…

A trois ou quatre pas de là, le consommateur dont s’occupait Miliana attendait toujours son Cap d’Akane.

Kilian venait de passer sa commande, la neko rit brièvement avant de partir chercher sa boisson. Et bon sang, qu'est-ce qu'elle est mignonne !

Toutes pensées sexuelles mises à part, pour le moment du moins, l'albinos avait vraiment envie de l'avoir sur ses genoux pour lui faire pleins de gratouilles derrière les oreilles, et sur le menton, et la base de la queue, et écouter ses ronronnements, et.... Quoi ? Elle est tellement choupie qu'il faudrait avoir un cœur de pierre pour rester indifférent aux charmes naturels des hybrides de sexe féminin ! Bon, les masculins comptent aussi, mais comme Kilian est hétéro, il se concentre sur le sexe opposé.

Ce dernier en profita pour regarder un peu plus en détail l'intérieur du club. Enfin, il serait plus juste de dire qu'il faisait comme presque la totalité des personnes présentes : mater les danseuses.

Oh, quel charmant spectacle que de voir de si belles créatures se trémousser sur scène ou sur une bar de pole-danse, amenant leurs corps, en particuliers leurs courbes, le plus proche possible des clients pour que ces derniers glissent des billets dans les sous-vêtements. Certes, l'albinos avait bien envie d'avoir une danseuse privée sur sa table, mais il avait déjà réservé la suite du programme avec l'adorable femme-chat...
Bon d'accord, il lui fallait pour cela gagner suffisamment de points pour arriver à ses fins, le tout en usant de charmes et de paiement. Peut-être qu'un passage dans le carré VIP pourrait accélérer les choses... Après tout, ce qui se passe dans le carré, reste dans le carré. Et ne venez pas me dire que ça n'est jamais arrivé !

Mais il semblerait que les plans de notre playboy amateur ne soient entravés pour le moment.

En effet, Kilian remarqua que deux femmes s'étaient interposées entre la serveuse et lui. Bon, ça peut arriver, surtout dans un espace rempli de monde comme celui-ci. Mais cette fois cela semblait bien volontaire, à en juger par le fait qu'elles ne bougeaient pas d'un pouce et semblait même invectiver la pauvre femme-chat.

Regardant la scène d'un œil curieux, le mage errant se demandait qu'elle était la marche à suivre, si tant est qu'il puisse vraiment faire quelque chose. Un rapide débat mental avec ses clones, eux-même tout aussi existant mentalement, lui permit d'établir une stratégie qui servirait au mieux ses objectifs.

Kilian se passa rapidement la mains dans les cheveux pour refaire sa coiffure, profita d'être temporairement caché des regards pour se remettre une minuscule dose de parfum (il gardait toujours un mini-flacon dans une petite poche de son pantalon), puis se leva et se dirigea vers les femmes.

« Mesdemoiselles,dit-il de sa voix charmeuse, je m'excuse de vous importuner alors que vous êtes en pleines conversation, mais je n’ai pus m'empêcher de voir que vous semblez avoir des griefs envers cette charmante serveuse qui ne fait que son travail. »

Elles le regardaient, et il ne fallut guère longtemps pour que les odeurs du parfum ne commencent à faire effet, de quoi captiver bien plus facilement leur attention tandis que ses mains glissaient doucement des petits billets dans les sous-vêtements des deux autres serveuses.

« Oh certes, son empressement à vous devancer pour moi n'est pas des plus délicats, mais n'étiez-vous pas comme elle à vous débuts ? J'ai bien conscience que la concurrence peut-être rude dans le milieux du plaisir, j'y ai moi-même travaillé quelques fois, mais s'en prendre directement à votre collègue, ici et devant tout ce beau monde en plus... »

Il laissa la fin de sa phrase en suspens, le temps que la brune et la blonde paille ne se rende compte de la présence des billets entre leurs peaux et les fils de leurs soutifs et culottes.

« Une bagarre du personnel serait on ne peut plus mal vu des clients, d'autant que certains d'entre eux sont sûrement des gens bien placés, si vous voyez ce que je veux dire. Sans oublier le tenancier de l'établissement qui devra souffrir d'une mauvaise publicité. Hors, qui dit mauvaise publicité, dit baisse de fréquentation, dit moins d'argent dans les caisses, donc moins de filles à employer. Et vu qu'il est de toutes évidences que vous alliez commencer à faire quelque chose de regrettable, soyez sûre qu'il y aura des témoignages... »

La demi menace venait d'être dite, et elle était hélas bien réelle, à présent, il ne restait plus à Kilian que de leur demander de partir.

« Si vous avez peur pour vos bénéfices de la soirée, ce que je peux comprendre, je pense que les billets verts que vous avez sur vous devraient vous soulager pour cette fois, non ? »

Le clou venait d'être planté, le rideau tomba, et les deux femmes, après un moment de silence, décidèrent de passer leur chemin, non sans un dernier avertissement envers leur « collègue » féline.

« Y'aura pas de prochaine fois, chat de gouttière... »

Une fois celles-ci parties, et que la tension sembla retomber, l'albinos laissa s'échapper un soupir de soulagement avant de regarder de nouveau la femme-chat.

« J'espère ne pas vous attirer plus d'ennuis plus tard. Oh, c'est ma boisson, parfait~~ »

Et hop ! Un petit billet posé sur le plateau pour la neko.

« Dîtes-moi, charmante féline, quel est votre nom ? »

« Mais ! C’était juste un accident, les amies ! » Se défendit verbalement Miliana, sa queue se mettant à remuer nerveusement sous le regard de ses accusatrices en colère alors qu’elle baissait les yeux.

« On est déjà pas tes amies, sac à puce ! » Gronda Madison, son visage écarlate.

« Et on a encore moins envie de l’être avec ce que tu nous as fait ! » Renchérit guère plus calmement Moana.

Les deux serveuses semblait sur le point de lui sauter à la gorge. La femme chat redoutait de devoir utiliser sa magie d’entraves pour neutraliser ces dernières sans les blesser. Mais, l’esclandre risquait cependant de lui coûter sa place. Après tout, accident ou pas, la féline serait fautive une fois de plus. Peut-être la fois de trop.  Le miracle se produisit alors.

Craignant pour sa boisson ou jouant au chevalier blanc, le mystérieux albinos intervint avant que la dispute ne dégénère regrettablement. Avec un subtil mélange de diplomatie, de charme, de menaces voilées et surtout de plus ou moins grosses coupures, le grand bonhomme parvint à convaincre ces dames en furie d’aller voir à l’autre bout de la pièce si Miliana n’y était pas. Non sans un ultime avertissement.

« Y'aura pas de prochaine fois, chat de gouttière... » Siffla l’une d’elle à la gaffeuse.

Avec sa naïveté habituellement, la femme chat soulagé le prit pour un début de réconciliation, persuadée que, comme par magie, son ardoise de torts envers le duo venait de s’effacer.

« Pas de souci, les copines. Ca boome. Je ferais plus attention la prochaine. Promis ! » leur déclara-t-elle en les saluant joyeusement de la main alors que les chipies s’éloignaient.

« ‘Tain ! Qu’est ce qu’elle est conne ! Elle le fait exprès ou quoi ? » Commenta à voix haute la blonde en tapant de sa main son front, histoire de vérifier qu’elle ne cauchemardait pas – Ah non. Elle était bel et bien réveillée….-.

Manquant de renverser son plateau et le verre qui tenait dessus sur le client chevaleresque, la féline se retourna vers lui au moment où il soupira.

« J'espère ne pas vous attirer plus d'ennuis plus tard. Oh, c'est ma boisson, parfait~~ » Déclara-t’il, le regard caché derrière ses lunettes noires, avant de s’emparer de sa commande.

Décidément d’humeur généreuse, il laissa même un billet sur le plateau en dépit de la médiocrité du service rendu par Miliana ès-qualité de serveuse accorte.

« Merci de votre intervention. Mes copines du travail ne sont pas méchantes d’habitude. Là, je suppose qu’elles doivent être fatiguées et stressées ce soir pour s’emporter de la sorte... »

Moana et Madison, comme les autres soit dit en passant, étaient surtout fatiguées d’avoir tous les soirs dans leurs pattes Miliana et stressées des catastrophes dont la femme chat avait le secret de la production.

Le play-boy demanda alors à la magicienne de décliner son nom sur un ton gentil. Glissant sans considération de pudeur le pourboire dans l’élastique de son slip faute de poches, la féline se présenta, plaquant son plateau en le tant par le bord contre ses jambes droites.

« Moi, c’est Miliana. Je suis serveuse au VTC depuis peu. Comme je n’ai pas l’habitude et que je ne travaille là que temporairement, il m’arrive de faire quelques erreurs malencontreuses. » Déclara avec le sourire la niaise minette. « Et vous, monsieur le mystérieux ? Vous êtes un habitué ou juste de passage dans notre établissement ? »

La conversation s’engageait tranquillement. Miliana lança toutefois un œil vers la porte, guettant l’entrée d’un éventuel nouveau client à servir. En attendant,  elle pouvait tranquillement tailler une bavette avec le dernier arrivé, ce type bizarre qui l’avait sorti d’un bien mauvais pas.

« Merci de votre intervention. Mes copines du travail ne sont pas méchantes d’habitude. Là, je suppose qu’elles doivent être fatiguées et stressées ce soir pour s’emporter de la sorte... »

L'albinos sourit et gloussa, avant de s'installer à nouveau confortablement sur son fauteuil, portant le verre à ses lèvres pour prendre une gorgée de sa boisson. Lui aussi était content d'avoir réglé cette situation de manière diplomatique, après tout, le MORTAL KOMBAAAAAAAAT n'aurait pas DU TOUT été une bonne idée.

C'est vrai, déjà que cela aurait tout simplement gâché ses chances avec la féline, l'albinos serait certain de se retrouver au chômage dès le lendemain sans même toucher sa paie. Après tout, ses collègues fréquentent parfois l'établissement, et comme les rumeurs vont bon train...

Délicieux, était-ce dû au fait qu'il aimait bien cet alcool ou bien parce qu'il a été apporté par une si jolie hybride ?

Par ailleurs, cette dernière lui déclina son identité d'une voix bien enjouée, comme si l'incident ne s'était jamais déroulé.

« Moi, c’est Miliana. Je suis serveuse au VTC depuis peu. Comme je n’ai pas l’habitude et que je ne travaille là que temporairement, il m’arrive de faire quelques erreurs malencontreuses. Et vous, monsieur le mystérieux ? Vous êtes un habitué ou juste de passage dans notre établissement ? »

« Enchanté Miliana, mon nom est Kilian. On peut dire que tout comme toi, je ne travaille dans le coin que depuis récemment, l'habitude de voyager dirons-nous. Ce qui fait que c'est ma première fois ici. Et je ne suis pas déçu par ce que je vois~ »

Répondit-il en lui faisant un clin d’œil charmeur tout en retirant ses lunettes, bien que le fait de les porter lui permettait de pouvoir mater ses courbes discrètement. Ceci dit, tous les hommes le faisaient sans se cacher, alors, pourquoi pas lui ?

Le fait de voyager sur les routes leur faisait déjà un point commun, qu'ils exploitèrent en discutant un certain moment, tandis que Kilian enchaînait les boissons et les pourboires glissés dans les sous-vêtements de la féline. Et inutile de dire qu'il en profitait un maximum pour lui caresser tendrement sa douce peau du bout des doigts.

Le mélange « alcool + contact féminin » eut tôt fait d'attiser les hormones du mages cloneur, déjà en début d'excitation à cause du parfum érotique dont il s'était légèrement aspergé toute à l'heure ; la preuve en était la bosse qui se formait de plus en plus dans son pantalon, chose qui était cependant bien normal dans ce type d'établissement. Ceci dit, il se doutait bien qu'un « service spécial » ne pouvait s'obtenir aussi facilement, à moins de mettre la main au portefeuille, ce qu'il faisait depuis le début en réalité...

« Dis-moi chaton... » Fit l'albinos après un énième verre, heureusement qu'il tenait bien l'alcool. « Est-ce que... Est-ce que je peux te gratter les oreilles ? Je les vois remuer, tout comme ta queue, et vu que j'aime beaucoup les chats, et que tu es plus que ravissante... »

Il laissa sa phrase en suspens, ses yeux rouge perdus dans ceux de Miliana, avant de remonter vers les oreilles, puis descendre vers ses seins, cachés sous son soutif et une couche de billets.

« On pourrait aller au coin VIP, histoire de ne pas être dérangés ? »

La question était posée, et il fallait admettre qu'un refus lui compliquerait fortement la tâche, pour ne pas dire que ça allait tout simplement lui couper l'envie...

L’homme se présenta sur un ton chaleureux. Un peu comme elle, Killian était juste un vagabond de passage dans le coin pour un job. L’air de rien, il se faisait flatteur voire charmeur. Toutes les filles de l’établissement, compte tenu de leur vécu et rompues depuis le temps à l’exercice, auraient vu clair dans son jeu. Toutes. A l’exception de Miliana. Esclave depuis l’enfance puis sciemment isolée du reste du monde par le machiavélique Jellal, la femme chat ne connaissait pas grand chose des codes culturelles et pratiques de la drague. Et il fallait aussi compter sur sa naïveté naturelle pour assurer que, sur un quiproquo, ça pouvait marcher !

L’homme aux cheveux blancs ôta ses lunettes pour mieux observer la soubrette féline avant d’entamer la discussion, entre deux commandes de boissons. Les heures passaient et les sous-vêtements de Miliana s’étoffaient en billets glissés à demi dedans. La collecte s’annonçait fructueuse ce soir. Wolly et Shaw n’allait pas en revenir quand leur compagne d’infortune, souvent le boulet du trio avec son côté benêt, allait pouvoir les gâter un peu autrement que comme réconfort et tendresse. Killian y était pour beaucoup, d’ailleurs. Et il en profitait bien pour attoucher l’innocente femme chat, guère du genre à s’offusquer avec les gens un peu tactiles… La soirée passant, le mage se fit plus audacieux avec elle.

« Dis-moi chaton… Est-ce que... Est-ce que je peux te gratter les oreilles ? Je les vois remuer, tout comme ta queue, et vu que j'aime beaucoup les chats, et que tu es plus que ravissante... »

La féline dodelina de la tête, un peu surprise et hésitante, avant de hocher celle-ci pour accepter cette drôle de requête.

« Hé ben… Oui, tu peux ! » Rétorqua-t-elle, ne voyant pas de mal à cela.

Pas plus d’ailleurs au fait que le play-boy la reluque de haut en bas sans vergogne désormais.

« On pourrait aller au coin VIP, histoire de ne pas être dérangés ? »

Remuant la queue, Miliana le dévisagea un peu déroutée et gênée.

« C’est que… Je ne suis pas... Danseuse. Juste serveuse. »

En effet, le carré VIP était un coin à public restreint accessible sur réservation. Opportunément, il était libre ce soir et Killian pourrait en profiter à sa guise. Toutefois, la femme chat, elle, ne pourrait qu’assurer le service sur demande. Le spectacle, incluant des lap-dances et autres mouvements chauds au plus près du corps, était l’apanage exclusive des danseuses, celles qui n’avaient pas froid aux yeux. La déception du grand échalas pouvait se sentir poindre. La situation attristait quelque peu Miliana. Killian avait été mis plus que largement la main à la poche pour elle avec tout ce qu’il avait pris. A lui seul, il avait fait plus de la moitié de ses pourboires de la soirée. Ça méritait bien un petit effort de la part de la féline.

« Attend. Je vais voir avec la barmaid si je peux rester à ton service dans le carré VIP ce soir exceptionnellement. Elle m’aime bien et ça devrait passer. »

Il y aurait sans doute pour elle un peu de manque à gagner mais elle avait accumulé déjà un beau petit pécule depuis sa prise de poste ce soir. La jeune femme prit par la main le mage et l’amena dans une pièce contigu plus petite où se trouvait un large canapé d’angle et une table basse juste en face d’une scène. Elle repartit en salle commune après avoir aidé le client à s’installer confortablement avec ses affaires pour demander la permission d’agir à sa guise.

« Je reviens de suite. Tu veux boire quelque chose d’autres ? Pendant que je demande l’autorisation de m’occuper juste de toi, Choisis la ou les danseuses que tu veux parmi celles dont les photos sont dans ce catalogue. J’irai les chercher à mon retour. »

Évidemment, c’était payant en extra… Un vrai piège à touriste mais on pouvait ainsi s’assurer l’exclusivité pour toute la soirée pour un prix somme toute honnête dans ce milieu interlope du spectacle.

Miliana n’eut aucun mal à obtenir la permission. Après tout, elle perdait les pourboires des clients dont elle ne pourrait s‘occuper, tous récupérées par ses collègues trop contentes de cette aubaine malgré la surcharge de travail. Plaisantant à moitié mais toujours avec bienveillance, Lacy lui fit une suggestion.

« Et si tu faisais une surprise à ton client fétiche de ce soir ? Il semble avoir un faible pour toi vu ce qu’il a dépensé pour te renflouer les finances et te tripoter un peu. A ta place, je lui ferais une ou deux lap-dances cadeaux moi-même. Ça lui fera sans doute plaisir. »

La femme chat baissa les yeux, vaguement mal à l’aise.

« C’est que je ne suis pas danseuse et ne suis pas sûre de savoir faire... »
La barmaid lui mit une main amicale sur l’épaule et la rassura de sa voix douce.

« Depuis que tu es là, tu as vu les autres faire et je suis certaine qu’avec ta souplesse tu sauras te débrouiller. Aie confiance en tes capacités, Miliana. »

« Je… OK. J’essaie ! Merci Lacy-chan ! » Déclara la féline, réconfortée.

Elle alla ranger dans son vestiaire ses gains pour pouvoir être plus  à l’aise et retourna dans la salle VIP retrouver Killian. Après voir fermé la porte, la soubrette lui demanda :

« Ton choix de danseuse est fait ? »

Écoutant la réponse, elle ajouta aussitôt.

« Je me suis arrangée pour rester à ton service. C’est bon pour ce soir. Et puis, j’ai une aussi une autre surprise. »

Montant sur la scène, Miliana lança la musique et se mit à danser d’une chorégraphie aux ondulations sensuelles un peu chaotique mais pleine de bonne volonté. Le mage aux cheveux blancs ne devait pas être déçu de ce bonus...

La féline avait autorisé Kilian à lui gratter les oreilles, ce qui réjouit fortement ce dernier qui en profita un maximum. Oh, quelle douceur~ Comme celles d'un vrai chat. Il en avait bien entendu profité pour lui caresser légèrement ses cheveux doux, et la remercia d'un autre petit billet vert pour l'occasion.

Puis, encouragé par son désir, et un peu par l'alcool aussi, l'albinos lui avait demandé si il pouvait l'avoir pour lui seul au carré VIP, et la réponse ne tarda pas :

« C’est que… Je ne suis pas... Danseuse. Juste serveuse. »

Oh... Évidemment, où avait-il la tête ? C'était un strip-club, il y avait les danseuses pour ça. Mais ce soir, c'était elle que Kilian voulait. Et franchement, regardez-là : elle est tout simplement a-do-ra-ble. Mais ça n'empêcha pas la déception de faire légèrement retomber la température du mage aux cheveux blancs, qui en baissa les yeux. Au moins trouva-t-il du réconfort dans la vue sur cette belle poitrine bien ronde.

Hein, quoi ? Elle... Elle a bien dit qu'elle allait s'arranger ? Oooh, mais quelle excellente nouvelle ! Reprenant espoir, Kilian se laissa joyeusement prendre par la main et mené au carré VIP. La pièce était assez grande, un canapé d'angle, une table basse et une petite scène, juste ce qu'il fallait avec les lacrymas musicaux.

S'installant sur les coussins de cuir, l'albinos prit le temps de feuilleter le catalogues de danseuses que la femme-chat lui avait passé avant de sortir. Bien sûr, il faisait ça plus par curiosité que par envie, son choix étant déjà tout naturellement fait.

Lorsque Miliana revint en lui demandant si son choix de danseuse était fait, il répondit simplement :

«Aucune pour l'instant. »

« Je me suis arrangée pour rester à ton service. C’est bon pour ce soir. Et puis, j’ai une aussi une autre surprise. »

Une surprise ? Kilian adore les surprises, surtout si elles sont bien sexy~ Et il fallait bien avouer que cette dernière était bienvenue, car la féline se mit sur scène, alluma la musique, et commença son petit show privé rien que pour lui.


« Woaw » Fit l'albinos, charmé.

Certes, la chorégraphie manquait d'assurance, mais pour avoir travaillé dans des bordels a faire le strip-teaser/gigolo pour des gamines surexcitées et des ménagères délaissées par leurs maris qui étaient toujours en voyage d'affaire, Kilian savait reconnaître une personne qui y mettait du sien. Et Miliana correspondait bien à ce critère.

Il ne la quittait pas des yeux, savourant du regard son déhanché et ses courbes en rythme avec la musique, sa queue qui se tortillait en suivant les mouvements de bassin et ses oreilles qui remuaient doucement. Oooh, comme il avait envie qu'elle se rapproche, qu'elle sache l'effet qu'il lui faisait !
En même temps, ce n'était pas bien difficile de louper la bosse qui gonflait entre ses jambes, bien qu'elle soit cachée par la lumière qui n'était pas trop forte, réglée pour une ambiance sexy.

Souriant, Kilian siffla tout en encourageant la féline et lui faisant des compliments via un canal mental (avec son autorisation bien sûr), histoire de lui donner plus d'assurance. Et ça semblait marcher, au vu de ses mouvements qui se fluidifiaient.

Je vous ais déjà dit qu'il craquait sur elle ? Plus il passait de temps avec elle, plus ses limites fondaient comme neige au soleil. Il la voulait, à lui, rien que pour lui, ce soir. Et peu lui importait de payer un supplément « fin heureuse », elle était tout simplement trop mignonne pour qu'on lui refuse quoi que ce soit.

L'albinos se souvint alors d'une astuce qu'on lui avait dit un jour. Prenant un énième billet, il le plaça entre ses lèvres d'un air sensuel et fit doucement signe à Miliana de s'approcher, gardant les cuisses et les bras écartés. L'astuce consiste à ce que la féline s'approche, d'une démarche bien sexy évidemment, se frotte en étant à quelques centimètres seulement du corps musclé de l'albinos, et saisissent le billet en plaçant le visage de l'homme entre ses seins, ce dernier lâchant le papier dans son soutient-gorge.

Une fois ceci fait, Kilian redressa la tête pour plonger son regard dans celui de son hôtesse de ce soir.

« Je t'ai déjà dis que j'ai un faible pour les hybrides aussi mignonnes et sexy comme toi ? ~ » Dit-il d'une voix charmeuse.

Inutile de préciser qu'avec la proximité, la grosse bosse qui s'était formée dans son boxer atteignait maintenant une taille plus que visible, au point que le pantalon gonflait lui aussi. Miliana devrait la sentir contre elle, au vu du contact établi entre eux deux.

« Miliana... Je sais bien que ce n'est pas le genre d'ici mais... Je ne tiendrais plus longtemps... Je te veux, chaton, je te veux pour ce soir. »

Voilà, c'était dit. Il venait d'avouer, ou plutôt de confirmer, son désir charnel à la féline. Est-ce qu'il avait une chance ? Allait-il se faire rejeter et avoir les « blueballs » ? On le saura à la réponse suivante.

Se trémoussant comme le permettait son agilité à défaut d’expérience, incertaine du résultat, Miliana assurait le spectacle sur la scène à sa façon. Elle n’était pas danseuse de métier et n’avait même jamais eu l’occasion de faire une quelconque danse lascive pour qui que ce soit. Si elles étaient présentes là, maintenant, ses collègues de travail seraient probablement pliées de rire. Tout à sa chorégraphie, la femme chat ne faisait plus vraiment attention à ce drôle de client qui donnait de si généreux pourboire. L’illumination de la scène par les spots l’obligeait à plisser les yeux ou à les fermer pour ne pas souffrir à cause du trop plein de luminosité. Elle espérait cependant qu’il appréciait ce qu’elle offrait pour le plaisir de ses yeux. À entendre ses sifflements et bruits d’encouragement, ça marchait bien.

Se plaçant au bord de la scène, il vint tenter un truc que ne comprit pas Miliana. Toutefois, ça lui faisait plaisir. Alors, elle ne rechigna pas à lui laisser plonger son visage dans sa poitrine après s’être approchée en dandinant à quatre pattes. Il en profita pour faire une déclaration que la féline ne comprit qu’à moitié. Décidément, la musique ici était trop forte. Elle n’osa pourtant le faire répéter, se fiant à ce qui lui était parvenu et les réinterprétant à sa façon.

« ...'ai ...jà dis ... j'ai ...faibl... pour les...brides …au...gnonnes ... sexy... toi ? ~ »

* Il aime les brides sur les nonnes sexy ? Ah bon ! *

C’était sans doute en rapport avec la bosse qui déformait son pantalon et calait contre son ventre la belle serveuse. D’après Miliana, c’est plutôt d’un couturier, voire d'un nouveau pantalon en tissu plus souple, qu’il aurait eu besoin vu qu'il devait se sentir bien à l'étroit dans un habit aussi moulant mais, on allait pas contrarier un homme si gentil.

« OK. Je vais voir si je peux te trouver ça. » Dit la jeune femme, pleine de bonne volonté ne réalisant pas l'ambiguïté de sa réponse, allant par ailleurs dans le sens du quiproquo.

La partition musicale se terminait enfin, les notes se faisant plus lentes et douces. Et surtout moins fortes. Parler normalement suffisait pour être entendu. La femme chat commença à se dégager, sa danse accomplie également. Peut-être l'homme voulait-il une nouvelle boisson ?

« Miliana... Je sais bien que ce n'est pas le genre d'ici mais... Je ne tiendrais plus longtemps... » Commença-t-il.

La serveuse répliqua du tact-au-tac suite au ton pressant employé avant même d'entendre la suite de la phrase…

« Oh !? Par là, au fond du couloir à droite... C'est normal avec tout ce que tu as bu ! » Affirma-t-elle en désignant une porte latérale de service.

Le client est roi. C'est la devise de cet établissement. On songeait à son confort pour le service comme pour l'après-vente. Tous les membres du personnel devait pouvoir indiquer où étaient les toilettes afin que le client puisse soulager ses excès alcoolisés. Tant qu'il tirait la chasse d'eau après avoir s'être soulagé… Miliana se releva plus rapidement pour ne pas gêner sa sortie.

« ...Je te veux, chaton, je te veux pour ce soir. » Termina Killian, se demandant probablement de quoi la féline parlait à l'instant.

Fortuitement, partie au quart de tour et un peu paniquée, celle-ci n'avait vraiment pas fait attention à la suite de sa déclaration enflammée, cherchant en urgence un récipient pour le homme aux cheveux blancs dès fois qu'il n'arriverait pas à temps au bord de la cuvette. Tout ce qu'elle trouva fut un seau à champagne vide qu'elle lui tendit sous le nez avec un grand sourire tout joyeux.

« Et voilà pour te vider du trop plein en toi ! »

Le quiproquo jouant à plein, le pauvre hère devait sans doute se poser bien des questions à cet instant sur la signification de cette réponse quelque peu en inadéquation avec sa demande audacieuse...